Naissance par césarienne : quelles sont les conséquences sur le bébé et la maman ?

La césarienne est une avancée majeure de la médecine moderne, pratiquée dans les cas où le bébé ne peut pas sortir par voie naturelle. Cependant, un taux de césariennes en hausse dans le monde entier inquiète de plus en plus les spécialistes. En France, environ un bébé sur cinq naît par césarienne, chez nos voisins allemands, le taux de césariennes est de un bébé sur trois, et dans certains pays, il est encore plus élevé. Quelles sont les causes de cette augmentation ?
- Pourquoi recourt-on à une césarienne ?
- Opération de routine = risques réduits ?
- Problèmes physiques possibles chez la mère
- Problèmes psychologiques possibles chez la mère
- Problèmes possibles pour le bébé

Pourquoi recourt-on à une césarienne ?
Il existe de nombreuses raisons pouvant rendre une césarienne nécessaire si des complications surviennent pendant l’accouchement. Lorsque le processus d’accouchement a déjà commencé, on parle de césarienne secondaire.
La décision est prise, par exemple, lorsque :
- l’accouchement s’enlise et ne progresse pas malgré tous les efforts des sages-femmes
- le bébé se présente par le siège et ne peut être ni tourné ni naître par voie basse
- la mère ou l’enfant se sent mal, par exemple si la mère est dans un état de fatigue extrême ou si les battements de cœur du bébé s’affaiblissent
- il y a urgence et danger de mort imminent (césarienne d’urgence)
Une césarienne programmée (primaire) peut également être nécessaire si l’on s’attend à ce qu’un accouchement naturel par voie basse présente un risque pour la santé de la mère et/ou de l’enfant. En règle générale, l’intervention est pratiquée au plus tôt à la 39e semaine afin de laisser le bébé se développer autant que possible dans le ventre de la maman.
Dans tous les cas, il faut une indication médicale, l’opération doit donc être expressément approuvée par le médecin. Les conditions physiques ne sont pas les seules à compter, le psychisme joue également un rôle, par exemple lorsque la future maman est anxieuse vis-à-vis des douleurs et des risques d’un accouchement par voie vaginale. Ces dernières années, les futures mamans souhaitent de plus en plus avoir recours à une césarienne programmée. Le sectio caesarea, selon le terme technique, apparaît pour beaucoup d’entre elles comme une alternative sûre, contrôlable et surtout plus agréable que l’accouchement par voie basse.
Pour les cliniques, qui doivent travailler sous pression dans un contexte de pénurie de personnel croissante, ce souhait n’est souvent pas inopportun, car une césarienne est plus facile à planifier et elle est également plus économique pour l’hôpital. Bien entendu, ces facteurs ne devraient pas jouer un rôle dans la décision d’intervention. Il arrive néanmoins qu’une césarienne soit recommandée même si elle pourrait être évitée d’un point de vue médical. Les limites sont difficiles à tracer. Les femmes souhaitant accoucher par voie basse peuvent se renseigner sur le taux de césariennes avant de choisir leur clinique.

Opération de routine = risques réduits ?
On pense souvent qu’une césarienne, en tant qu’opération de routine, est plus rapide, plus simple et comporte moins de risques qu’un accouchement par voie vaginale, tant pour la mère que pour le bébé. En fait, l’opération en elle-même ne dure qu’environ 15 à 30 minutes, si elle se déroule sans complications, et environ une heure en incluant la préparation de l’anesthésie et les soins postopératoires. Mais tout comme pour l’accouchement par voie naturelle, la mère et l’enfant peuvent souffrir de complications et de conséquences à long terme, tant physiques que psychologiques.
Problèmes physiques possibles chez la mère
Chaque accouchement par césarienne se déroule de manière unique. Certaines femmes se sentent très bien après l’opération et retrouvent rapidement leur forme, d’autres femmes doivent faire face aux suites opératoires pendant quelques semaines. Il est donc impossible de prévoir comment vous vous sentirez après une césarienne. Mais pour que vous vous sentiez tout de même bien préparée, il est important que vous réfléchissiez au préalable aux complications possibles. N’hésitez pas à discuter de toutes vos questions et de vos éventuelles craintes (si possible avant) avec votre médecin ou votre sage-femme.
Douleurs après l'accouchement
Sauf en cas d’urgence nécessitant une anesthésie générale, l’accouchement par césarienne se fait généralement sous anesthésie locale. Cela signifie que la zone concernée est temporairement indolore, mais que la femme est éveillée, qu’elle peut vivre consciemment l’accouchement et accueillir directement son bébé, ce qui favorise le bonding (lien affectif entre le bébé et ses parents) et l’allaitement. Il ne faut toutefois pas sous-estimer les douleurs post-opératoires. La plaie est profonde et la régression de l’utérus peut en être ressentie comme plus douloureuse que lors d’un accouchement par voie vaginale. Il est certes possible de soulager les douleurs avec des médicaments pouvant être pris malgré l’allaitement, comme l’ibuprofène ou le paracétamol, mais leur effet n’est pas toujours suffisant. Les pompes PCA, dont le dosage est contrôlé par la femme elle-même, sont assez efficaces, mais elles ne sont pas disponibles partout.

Excroissances cicatricielles, troubles de la cicatrisation et engourdissements
Une césarienne est une intervention chirurgicale de routine sur l’abdomen, au cours de laquelle plusieurs couches de tissus doivent être coupées pour mettre le bébé au monde. L’utérus est lui aussi bien sûr soumis à une incision. Après l’opération, il reste une cicatrice qui se situe généralement sur le bas de l’abdomen, environ 2 doigts au dessus de l’os du pubis. Cette cicatrice guérit généralement de manière discrète et sans complication, mais il peut aussi arriver que des troubles de la cicatrisation et des inflammations surviennent. Des problèmes tels que des excroissances cicatricielles ou des douleurs chroniques dans la zone cicatricielle peuvent survenir. Dans certains cas, la cicatrice peut rester sensible pendant une longue période et provoquer des douleurs lors de certains mouvements ou efforts. De plus, le ventre peut rester engourdi pendant longtemps.
Cicatrices dans l’abdomen
Il n’y a pas que la cicatrice visible qui peut poser problème, des cicatrices se forment également dans l’abdomen. Après une césarienne, il arrive souvent, comme lors d’autres opérations abdominales, que des adhérences se forment dans la cavité abdominale. Cela se produit lorsque les couches de tissu qui ont été coupées pendant l’opération ne se ressoudent pas proprement. Dans de tels cas, la mobilité initiale peut être perturbée et provoquer des douleurs chroniques et des problèmes digestifs. Dans de rares cas, les organes peuvent fusionner entre eux. Malheureusement, le diagnostic est ici plus difficile, car les symptômes qui apparaissent, comme les tiraillements et les douleurs, peuvent avoir des causes multiples. De plus, les adhérences sont difficiles à mettre en évidence par les techniques d’imagerie. Un contrôle et un suivi minutieux et régulier de la zone cicatricielle sont très importants et ne doivent en aucun cas être négligés.

Période de récupération plus longue
Chaque mode d’accouchement a ses propres défis. Alors que les femmes qui accouchent par voie basse doivent faire face à des douleurs de contraction et à des lésions du périnée, les nouvelles mamans ayant accouché par césarienne peuvent ressentir des douleurs en se levant, en s’asseyant et en marchant. Dans les premiers temps, elles sont donc souvent moins mobiles que les mères qui ont accouché par voie vaginale et mettent un peu plus de temps à guérir. De plus, la coagulation sanguine déjà modifiée au moment de l’accouchement augmente le risque de thrombose et d’embolie pulmonaire qui en découle. En règle générale, elles restent environ une semaine à l’hôpital.
Difficultés pendant l’allaitement
Les mères de bébés nés par césarienne ont parfois plus de difficultés à démarrer l’allaitement. Cela est dû en partie aux douleurs et à la mobilité réduite. Le retard de la mise au sein du bébé, par exemple après une anesthésie générale, peut également rendre les premières tentatives d’allaitement difficiles. Demandez l’aide d’une conseillère en allaitement certifiée dès que possible.
Troubles du placenta et rupture utérine lors de grossesses ultérieures
En raison de la cicatrisation de l’utérus, le risque d’anomalie du placenta est légèrement plus élevé lors des grossesses suivantes après une césarienne, il augmente à chaque césarienne. Le risque d’accouchement prématuré augmente donc également. De tels problèmes sont heureusement très rares, mais ils doivent être pris en compte lors de la décision de planifier une césarienne, surtout si la planification familiale n’est pas encore terminée.
Décollement du placenta : lorsque le placenta se détache trop tôt de l’utérus, cela devient dangereux : l’apport de nutriments et d’oxygène au bébé est réduit. Le décollement du placenta peut se manifester par de fortes douleurs abdominales, des saignements et un choc circulatoire. Il s’agit d’une urgence qui nécessite une prise en charge immédiate en milieu hospitalier.
Placenta praevia : le placenta recouvre totalement ou partiellement le col de l’utérus. Dans ce cas, une nouvelle césarienne (re-sectio) est généralement nécessaire.
Placenta accreta : le placenta s’attache à la musculature de l’utérus et ne peut pas se détacher tout seul après l’accouchement, ce qui peut provoquer de violentes hémorragies. Souvent, ce trouble du placenta est lié à un placenta praevia. Là encore, une nouvelle césarienne est généralement inévitable, et dans les cas graves, l’utérus doit également être retiré (hystérectomie).
Une déchirure de l’utérus (rupture utérine) est rare, mais elle est un peu plus fréquente après une césarienne qu’après des accouchements par voie naturelle.

Problèmes psychologiques possibles chez la mère
La césarienne n’est pas seulement une intervention physique importante. Tout comme l’accouchement par voie vaginale, elle peut également avoir des répercussions sur le psychisme.
Dépression post-partum
Des études montrent que les femmes ayant subi une césarienne souffrent plus souvent de dépression post-partum que celles qui ont accouché par voie vaginale. Les raisons en sont multiples : la récupération physique après une césarienne est souvent plus longue, ce qui peut entraîner de l’épuisement et de la frustration. De plus, les femmes peuvent avoir le sentiment d’avoir échoué parce qu’elles n’ont pas pu donner naissance « correctement » à leur bébé. Ces pensées et sentiments négatifs peuvent nuire au lien avec le bébé et entraîner des problèmes psychologiques.
Traumatisme et troubles du stress post-traumatique (TSPT)
Une césarienne peut être une expérience traumatisante pour certaines femmes, surtout si elle a été pratiquée de manière inattendue et dans des conditions d’urgence. Les femmes qui vivent un tel traumatisme peuvent développer des symptômes de stress post-traumatique, comme des flashbacks, de l’anxiété et des troubles du sommeil. Ce traumatisme peut affecter le lien émotionnel avec le bébé et l’estime de soi de la maman.
Problèmes d’attachement
Les femmes qui ont eu un accouchement par césarienne non programmé ou une césarienne d’urgence rapportent plus souvent des difficultés à établir un lien émotionnel avec leur bébé. Cela peut avoir plusieurs causes, dont la distance physique après l’accouchement (par exemple, lorsque le bébé doit être immédiatement pris en charge médicalement ou que la mère est encore sous l’influence de l’anesthésie générale). Pour prévenir cela, la plupart des cliniques proposent aujourd’hui le « peau à peau immédiat ». Le bébé est alors placé sur la poitrine de la mère pendant que l’équipe chirurgicale termine l’opération. Le contact direct avec la peau immédiatement après la naissance stimule la sécrétion d’ocytocine, une hormone importante pour l’attachement et l’allaitement, et renforce le lien entre la mère et l’enfant. Si la maman n’est pas en mesure de le faire après l’accouchement, le ou la partenaire peut également s’en charger et accueillir le bébé. Heureusement, le peau à peau peut être effectué ultérieurement. Un suivi intensif, par exemple par une sage-femme ou un psychothérapeute professionnel, peut être très utile. Souvent, les femmes concernées n’osent pas parler de leur problème.
La culpabilité
Certaines femmes qui ont subi une césarienne programmée luttent plus tard contre la culpabilité après l’accouchement. Elles se demandent si elles ont pris la bonne décision ou si elles ont peut-être fait du mal à leur bébé. Ce sentiment de culpabilité peut être renforcé par les attentes et les jugements de la société. Les femmes qui ont eu le choix et qui ont opté pour une césarienne peuvent se voir reprocher d’avoir choisi la voie « la plus facile », ce qui augmente encore leur détresse psychologique.

Les troubles psychiques et physiques mentionnés ici peuvent survenir après une césarienne, mais cela ne signifie pas qu’un accouchement par césarienne ne peut pas se dérouler sereinement ! Certaines de ces complications peuvent d'ailleurs survenir lors d’un accouchement par voie naturelle. Parlez à votre sage-femme de vos questions et de la gestion des risques et n'hésitez pas à demander conseil à votre médecin. Si vous ressentez de l’anxiété avant l’accouchement, le soutien d’une sage-femme ou d’un professionnel de santé peut être d’une aide précieuse.
Problèmes possibles pour le bébé
En règle générale, plus la date de la césarienne est proche de la date prévue de l’accouchement, plus le bébé est mature et mieux il est préparé à un accouchement par césarienne. Néanmoins, des troubles d’adaptation et des complications peuvent survenir?
Problèmes respiratoires
Les bébés nés par césarienne présentent un risque accru de problèmes respiratoires, en particulier si l’intervention est pratiquée avant la date prévue de l’accouchement. Toutefois, à partir de la 39e semaine de grossesse, lorsque les poumons sont plus matures, ce risque diminue. Lors d’un accouchement par voie vaginale, les poumons du bébé sont pressés par le canal de naissance, ce qui contribue à évacuer le liquide amniotique des poumons. Lors d’une césarienne, ce processus n’a pas lieu, ce qui peut entraîner une accumulation de liquide dans les poumons.
Troubles du système immunitaire
Lors de l’accouchement par voie basse, le bébé est en contact avec la microflore vaginale et intestinale de sa mère, ce qui joue un rôle crucial dans le développement du système immunitaire du bébé. En revanche, les bébés nés par césarienne ne sont pas en contact avec cette flore naturelle, ce qui peut nuire au développement d’une flore intestinale saine. Un déséquilibre de la flore intestinale est associé à un risque accru d’allergies, d’asthme et d’autres problèmes de santé plus tard dans la vie.
Blessures dues à la césarienne
Pendant une césarienne, le bébé peut subir des blessures physiques. Celles-ci peuvent être causées par le bistouri et peuvent aller de petites coupures à des blessures plus graves. De tels incidents sont certes très rares, mais ils peuvent se produire et entraîner des complications. Même s’ils sont généralement inoffensifs, ils peuvent provoquer un choc chez la mère ou chez les deux parents.

Pour le bébé également, ces risques existent, mais cela ne signifie pas que toute césarienne entraîne systématiquement des problèmes pour le bébé.
Tout n’a pas encore été étudié dans les moindres détails, la science est encore confrontée à de nombreuses questions non résolues, notamment en ce qui concerne la naissance. Ce que l’on sait cependant : un accouchement par voie vaginale est très complexe et contrôlé par des hormones qui envoient des signaux finement coordonnés à la mère et au bébé, il en résulte toute une cascade d’hormones au cours d’une réaction en chaîne. Dans le cas d’une césarienne pratiquée pendant un accouchement par voie basse déjà commencé, ces signaux sont au moins partiellement présents. Dans le cas d’une césarienne primaire planifiée sans contractions, elles sont supprimées, le bébé vient donc au monde « sans préparation ». Il existe des indices selon lesquels l’absence d’accouchement vaginal, avec son importante fonction hormonale et neurologique, pourrait jouer un rôle dans les troubles ultérieurs du développement de l’enfant. Mais cela n’a pas encore été clairement prouvé.
Dans de nombreux cas, une césarienne peut sauver des vies et constitue un élément essentiel de l’obstétrique moderne. Cependant, il est important que les futures mamans soient pleinement informées des risques potentiels et des conséquences à long terme avant de décider d’une césarienne programmée. Une compréhension approfondie des défis physiques et psychologiques possibles pour la mère et l’enfant aide les femmes concernées à s’y adapter et à ne pas se sentir « à la merci ». Un dialogue ouvert avec les professionnels de la santé, la prise en compte des circonstances individuelles et la mise en balance des risques et des avantages sont essentiels pour prendre la meilleure décision possible pour sa propre santé et celle de son bébé.
Institut national de santé publique du Québec
https://www.inspq.qc.ca/mieux-vivre/accouchement/interventions-possibles-pendant-l-accouchement/cesarienne
Ministère de la santé du Grand-Duché de Luxembourg
https://sante.public.lu/dam-assets/fr/publications/c/cesarienne-fr-de-pt-en/cesarienne-de.pdf
Accouchement par césarienne ou par voie vaginale : ce qu’il faut savoir
https://www.ucbaby.ca/fr/accouchement-par-cesarienne-ou-par-voie-vaginale
Nous portons une attention toute particulière à la qualité de nos recherches, mais cet article ne peut pas remplacer un conseil professionnel. Si vous avez des questions sur le déroulement ou les risques éventuels d’une césarienne, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou à votre sage-femme.